Les Danses Indiennes

La grâce et la précision de la danse indienne ont fait de cet art de la performance une image emblématique de l’Inde. Et pour cause : on peut trouver les origines de la tradition bimillénaire dont les danses « classiques indiennes » sont les héritières dans des traités en sanskrit de près de 2000 ans. Mais la danse indienne est aussi représentée par des centaines de formes folkloriques dansées dans les villages de toute la péninsule et bien sûr par les chorégraphies modernes responsables du succès des films de Bollywood.

1. Le Nāṭyaśāstra

 

Le Nāṭyaśāstra (ou Natya Shastra, du sanskrit nāṭya : drame et sâstra : traité), le texte fondateur des arts de la scène indien, date du début de notre ère. Le premier chapitre de ce traité « révélé » (son origine serait divine) explique la naissance du théâtre/danse (dans la tradition indienne on fait peu la différence entre les deux) dont le but est d’enseigner les Veda à toutes les castes. C’est ce qui explique qu’on l’appelle également le « cinquième veda ».

La théorie esthétique au centre du Nāṭyaśāstra décrit en détail la manière dont les acteurs/danseurs doivent procéder pour émouvoir leur audience en développant sa spiritualité. Cette technique fondée sur la production de huit émotions primaires est toujours à la base de l’enseignement de la danse classique aujourd’hui en Inde.

A cela s’ajoute une série de mouvements fixés dans les sculptures de certains temples. On retrouve ainsi les 108 positions du bharata natyam, la danse classique indienne la plus connue, sur les reliefs des portes du célèbre temple de Chidambaram au Tamil Nadu.

 

2. Les huit danses classiques

 

Pour les indépendantistes indiens du début du XXᵉ siècle, il était important de montrer la richesse de la culture indienne. Ils s’attelèrent donc à promouvoir certaines danses qui furent retravaillées pour correspondre aux standards européens. Le bharata natyam ou l’odissi qui figurent parmi les formes les plus appréciées aujourd’hui sont ainsi des constructions récentes qui s’appuient sur des danses de temple ou de cour très anciennes mises au goût du jour des amateurs de haute caste ou occidentaux sous l’empire britannique.

La Sangeet Natak Akademi, organisme culturel sous l’égide du gouvernements indien a accordé depuis sa création en 1952 le titre de danse classique indienne au bharata natyam du Tamil Nadu, au kathakali et au mohiniattam du Kerala, à l’odissi de l’Orissa, au khatak   de l’Inde du Nord, au kuchipudi de l’Andra Pradesh, au manipuri de Manipur et dernièrement au sattriya de l’Assam. Ces danses classiques ont pour thèmes principaux des histoires tirées des épopées religieuses, Rāmāyaṇa et Mahābhārata.

 

3. La danse aujourd’hui

 

Il existe également une multitude de danses folkloriques dans toutes les régions de l’Inde qui ne se réfèrent pas directement au Nāṭyaśāstra, n’ont pas été « classicisées », mais sont un art d’expression populaire accompagnant souvent des cérémonies religieuses ou les célébrations officielles. Une région comme le Kerala, particulièrement riche du point de vue artistique en compte plusieurs dizaines de formes.

L’Inde a également développé une danse contemporaine qui s’exporte en Europe et aux Etats-Unis avec des chorégraphes de renommée internationale comme la regrettée Chandralekha, Padmini Chettur ou l’Anglo-indien Akram Khan.

Il ne faut pas oublier l’importance des chorégraphies qui sont une composante essentielle du cinéma indien. Elles sont un mélange d’inspiration classique et folklorique et de vidéo-clips américains que beaucoup d’enfants du sous-continent apprennent par cœur pour les rejouer aux grandes occasions en faisant la joie des adultes !

 

De la danse traditionnelle aux recherches contemporaines, de formes savantes réservées à des initiés aux danses populaires ou à celles de Bollywood, du religieux au profane, la danse en Inde fait partie du quotidien et de la culture des habitants. Considérée comme un art noble, avec son texte de référence, le Nāṭyaśāstra qui a aussi une valeur religieuse, la danse indienne est enseignée dans des institutions d’Etat très reconnues comme Kakakshetra à Chennai mais aussi sous toutes ses formes dans des milliers d’écoles privées.